samedi 23 juin 2012

Le temps de Kaplan ou ses cartographies

Deux messages de successifs de Frédéric Kaplan

1. Les cartographies du temps où il montre la diversité de représentations graphiques du temps 

De très beaux outils  montrés et référencés, qui,  aux deux dimensions du plan, ajoutent d'autres dimensions - symboliques et esthétiques.

Quelquechose qui renvoie pour nous aux recherches plastiques récemment évoquées d'Adine Duval (1) et bien sûr au beau travail de Giuseppe Penone (2) actuellement exposé au Château du Pin à Fabras. 

Des représentations graphiques du son à celles du temps.

Quelque chose encore, qui renvoie aussi, bien sûr,  à des formations à l'IUFM de Nîmes où avec Maryse Clary, géographe, on apprenait aux enseignants à faire "habiller" leurs frises par les élèves en superposant aux périodes d'évolution - de courte ou longues durées, un certain nombre de renseignements ou références documentaires (ou de la frise linéaire à une représentation tabulaire)  . Un gros travail avait été fait avec les écoles de Pont-Saint-Esprit  en mettant à profit  le Musée et surtout les apports d'Alain Girard qui en était alors le Conservateur (3) et avait su  apprendre aux enseignants à lire l'architecture de la ville...

Quelque chose, également,  qui renvoie à Maciunas, à Fluxus et au Design Graphique (4)





F.Kaplan cite "  A Timeline of Timelines "  de   Sasha Archibald and Daniel Rosenberg  in  revue  "cabinet" (5)  de 2004,

Une chronologie de représentations/conceptions du temps (6)

A chaque époque les représentations graphiques conditionnent l'appréhension et les conceptions du temps...


"Gardons donc à l’esprit que nos pensées sont intrinsèquement limitées par les représentations graphiques du Temps de notre époque ou qu’inversement elles seront peut-être demain libérées par des représentations visuelles synthétiques absolument inédites."


conclut Kaplan.





Que seront les conceptions du temps à l'ère du numérique ?

Quelle(s) cartographies temporelles inventer de "La Jetée" de Chris Marker ? De "Vertigo" ? Des court-métrages dont Pierre Ménard a montré l'étonnante actualité. Ou plutôt, il a proposé ces investigations artistiques de Marker au moment où on commence juste à pouvoir en partager ou créer des mises en mots actuelles et théoriser ?


Quand Chazard dit "pensé, c'est public"

Et tout cela nous intéresse.









Une première cartographie spatiale enrichie du réel du trajet de notre parcours d'art en se précisant collectivement commence à structurer ce réel augmenté et donc à en faire naître une écriture/composition numérique.


La durée du trajet, les temps convoqués par chaque installation (résistances croisées de divers siècles au Carrefour des Résistances, évolution en quelques années de la représentation/fabrication d'orgues captant et restituant en l'amplifiant le bruit du vent, des bambous cassés aux Eoliens de Combier, temps ou non-temps poétique jalonné de représentations graphiques précises de stèles des steppes sibériennes du début du 20ème siècle et mâtiné de poisson/coquillage de Marie-Claude, a-temporalité ou temps des origines de la vie...) Quelle cartographie temporelle va-t-elle se construire ?





Une construction facilitée par le choix non d'un lieu (la commune par exemple) mais d'un trajet, parcours qui impose la durée (surtout si vous faites à pied les 23 km en plein été...) mais aussi l'intemporalité des pauses poétiques ou artistiques ? Encore que la poésie sonore ?


A voir... Un vaste chantier (7)


Des perspectives très intéressantes ouvertes par la mise en évidence à ce moment précis de la notion de cartographie temporelle, par Frédéric Kaplan. Comme une bouée qui tombe à pic quand justement on est englué, au niveau de la représentation graphique à inventer, dans la recherche d'articulations spatio-temporelles pertinentes, d'autant plus difficiles à cerner que l'insularité formelle de la commune pèse sur les représentations...



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1. actuellement exposée au Temple des Baraques à Saint-Apollinaire-de-Rias (ouverture samedi, dimanche, lundi jusqu'au 18 juillet à l'exception peut-être des 30 juin et 1er juillet  et sur rendez-vous au 0475844725)
2. exposition que nous avons vue (et revue) à  La Fabrique du Pont d'Aleyrac et que nous reverrons peut-être à Fabras (différemment bien sûr, chaque visite apporte du nouveau...)
3. Alain Girard, l'homme qui faisait parler les plafonds de la Maison des Chevaliers et savait, avant la lettre,  "augmenter" ce réel en y introduisant l'art contemporain ( cf les boites des Noniales et celles de Léna Vendrey, les poissons et tombeaux de Giovangigli...- que, plus récemment, Barcelo, au Palais des Papes, nous a fait revoir autrement...)  De belles "dérives" ou dérivées...  Depuis Alain Girard est devenu Conservateur Départemental des musées du Gard.
4. Cf   ERBA de Valence (devenue depuis ESAD Valence-Grenoble)
5. Le Cabinet est une organisation à but non lucratif soutenu par diverses fondations... (cf site) 
6. Ne tenant pas compte semble-t-il de certaines civilisations amérindiennes... Parce que les représentations sont cycliques ? Sont-elles seulement cycliques ?
7. Et bien sûr on est là avec des objectifs cognitifs et éducatifs. Après on verra les techniques et le touristico-économique... D'ailleurs smartphones, IPOD, KRCodes et autres tablettes  existantes  risquent d'être déjà obsolètes quand on en aura à peu près  fini sur les contenus. Le travail en profondeur prend du temps et, surtout, s'il est collectif... Alors avec au moins 54 personnes impliquées...On (indéfini assumé) devient à la rentrée lieu de diffusion des arts numériques... L'idée tourne d'un appel à projet arts numériques... Et pourquoi pas une cartographie temporelle de ce projet d'augmentation du réel du parcours d'art ? Ou une esquisse évolutive et modifiable de cartographie temporelle ? A voir, en discuter et prendre le temps...